Moderniser son ton grâce à la communication inclusive et épicène
Appelée aussi rédaction épicène, non-sexiste, dégenrée ou formulation neutre, la rédaction inclusive occupe une place croissante au sein de la francophonie. Le Québec a d’ailleurs développé une riche expertise en matière de féminisation linguistique. Nombreux sont ceux et celles qui souhaitent transformer leurs textes pour qu’ils soient plus inclusifs et fidèles à la réalité d’aujourd’hui, mais le manque d’outils ou de connaissances peut rapidement compliquer les choses. Voici comment y voir plus clair.
L’oubli nourrit l’invisibilité
La critique de la défense de la langue française
Voici ses critiques les plus fréquentes :
« En français, c’est le masculin qui l’emporte »
« Ça alourdit le texte » (ex.: les professionnels et professionnelles)
« C’est difficile à lire » (les représentant·es élu·es)
« C’est laid » ou « C’est juste ridicule » (ex.: autrice)
Je reconnais que ces arguments sont souvent exprimés dans l’intention de défendre l’héritage et la beauté de notre langue. Son respect est primordial. Or, en tant que langue vivante, son évolution est naturelle, et même saine (à l’inverse de sa sursimplification, comme le mot ognon… que je n’ai pas encore digéré).
Notre langue n’est pas neutre. Il existe des formulations neutres, mais le français, en soi, ne l’est pas. La communication inclusive demande donc de développer une nouvelle gymnastique linguistique.
Le besoin de représentation
L’oubli contribue à l’invisibilité. En offrant moins de représentation aux femmes et personnes non-binaires, on les retire du discours. Imaginez une offre d’emploi, ou une note interne au sujet d’une ouverture de poste ou d’un succès d’entreprise. En oubliant ces personnes historiquement marginalisées, on renforce leurs barrières d’accès à l’emploi ou d’une promotion, et on écarte leur contribution au succès de l’entreprise.
Ça peut paraître exagéré, mais les humains s’attachent aux symboles. En communication, les perceptions sont tout aussi importantes que la justesse des faits.
Le mot « bienveillance » est sur toutes les lèvres. Or, le premier pas à la création d’une société épanouissante pour toustes, c’est la représentation et la promotion de la diversité.
Créer des formulations neutres
À mon grand bonheur, j’ai découvert le guide Communication inclusive, mode d’emploi de la CDEC de Québec dans le cadre du projet Entrepreneuriat au féminin. Ce document est bien construit, concret et agréablement rédigé. J’y ai découvert des trucs concrets pour communiquer de manière plus inclusive.
On y découvre notamment des formulations neutres, des procédés de féminisation linguistique ou des façons de repenser des textes. Une vraie trousse à outils ! Voici les trucs qui ont particulièrement retenu mon intérêt.
Les graphies tronquées
Quelques exemples issus du Guide de la CDEC de Québec :
Les étudiant-e-s / Les étudiants-es
Les étudiant.e.s / Les étudiant.es
Les étudiant·e·s / Les étudiant·es
Les étudiantEs Les étudiant/es
Les étudiant(e)s Les étudiant[e]s
Le point médian
Voici comment faire un point médian, comme dans les exemples « Les étudiant·e·s / Les étudiant·es »
MacOS - Clavier canadien multilingue : ⌥ alt + ⇧ maj + H
PC Windows : alt + 250
Repenser ses textes
Il y a quelques mots qui sont plus difficiles, comme « fiers », ceux se terminant en « eux » comme nombreux / nombreuses, ou encore, nouveaux / nouvelles. Dans ce cas-ci, le plus simple est de revoir la formulation. Par exemple :
Nous sommes fiers et fières de cette nouvelle.
Quelle fierté d’apprendre cette nouvelle !
Utiliser un nom collectif :
Cette annonce touche les nouveaux employés et nouvelles employées.
Cette annonce touche le nouveau personnel.
Notre langue est vivante. Elle évolue pour mieux refléter notre société en mouvance. Lorsque vous préparerez votre prochaine communication, sachez qu’il existe des ressources pour vous permettre d’adopter un ton plus inclusif et, du même souffle, développer votre maîtrise des mots !