Aimer dire non
Le refus est une compétence : on devient meilleur avec la pratique.
Après un an de publication, j’ai réédité cet article puisque le sujet a pris un sens plus profond. Je suis une professionnelle, experte —ou plutôt une maître— pour brouiller la différence entre la capacité et l’intérêt de répondre à une commande. C’est comme si mon cerveau avait programmé la règle « Si tu peux, alors exécute » sans égard au contexte, ni à mes propres limites.
En 2020, j’écrivais que le besoin de nous sentir utile nous fait, parfois, hésiter à dire « non ». Un an plus tard, j’ajouterais que la peur de manquer une opportunité (fear of missing out) a été un puissant moteur aux « oui » mal placés. La peur de stagner pousse à saisir le plus grand nombre d’occasions, dans l’espoir qu’elles nous mènent vers une nouvelle voie heureuse et inattendue.
Voici quelques réflexions qui m’ont placée sur le chemin d’un meilleur équilibre en affaires et personnellement.
Non, le refus ne nuira pas aux affaires
En affaires, les motivations d’un refus sont multiples : prix, conditions de réalisation, expertise, besoins, moyens disponibles, compatibilité des personnalités, intérêt personnel, valeurs, etc. Dans tous les cas, refuser une opportunité d’affaires demande du courage. Il est possible que le ou la client.e se sente soudain démuni.e devant un tel refus. Bien que leur réaction ne nous appartienne pas, nous avons quand même le pouvoir de rendre l’expérience plus agréable et même d’en tirer profit.
Refuser avec générosité
En communication de risque, on apprend rapidement que chaque situation de communication sensible comporte un risque et une opportunité. D’ailleurs, en chinois, le mot « crise » est composé de deux caractères : danger et opportunité. Il en revient à nous de saisir cette chance pour le bénéfice des deux parties. C’est vrai en affaires, mais aussi dans les relations interpersonnelles.
Il est beaucoup plus facile de dire non lorsque cela ouvre la discussion plutôt que de la fermer. Rediriger vers les bonnes ressources et le partage de connaissances sont des stratégies intéressantes pour renforcer la relation. À l’inverse, si un prestataire de services ferme la porte à la première occasion, cela démontre qu’il n’avait pas vraiment d’intérêt pour l’organisation. Le cas échéant, la perte d’une nouvelle relation d’affaires n’est peut-être pas une mauvaise chose.
Non, tu ne stagneras pas
Un samedi soir d’été, j’ai regardé mon agenda pour constater tous les engagements que j’avais pris pour le mois à venir : cours de danse, organisation d’un souper de retrouvailles, organisation de ma soirée d’anniversaire, déplacements non essentiels et un abonnement au gym. Tout ça en plus de mes démarches professionnelles pour bâtir une nouvelle émission, recommencer l’écriture de mon blogue et réaliser mes mandats.
J’étais étourdie.
Puis, ma montre intelligente me révèle ma durée moyenne de sommeil : 10,25 heures.
Quel choc ! Je croyais que je dormais encore six ou sept heures par nuit. Pourtant, malgré ces généreuses nuits de sommeil, l’épuisement me paralysait tous les jours. Les piles se vidaient trop vite et rechargaient trop lentement. Vous connaissez cette impression ? Nous ne sommes pas seul.e.s, mais nous en parlons trop peu dans un contexte professionnel.
Si je n’avais pas eu de symptômes physiques, jamais je n’aurais envisagé qu’il y avait un problème à mon rythme de vie. En me comparant aux entrepreneur.eures qui partagent leurs succès d’affaires sur Linkedin, j’ai cru que mon émancipation professionnelle devait être facile. En me comparant à ces entraîneuses que j’admire sur Instagram, je me répétais que la reprise des activités physiques devait être facile.
Je me mentais de manière plutôt convaincante.
Ceux et celles qui ont la moindre anxiété de performance doivent comprendre.